samedi 1 février 2014

Quoi faire en février?

Le mois de février ressemble sensiblement à celui de janvier. Pour tout dire, il s'agit du mois le plus tranquille de l'année. Cela s'explique par le fait que les oiseaux hivernants commencent à retourner vers la forêt boréale ou bien vers le Nord, alors que nos espèces du sud ne sont pas encore arrivées dans la région. Si vous voulez prendre une pause ornithologique, février est tout prescrit. Reposez-vous, car dès la mi- mars arrivé, vous serez à nouveau débordé côté terrain. Pour les ornithologues qui veulent parcourir le territoire, les propositions sont à peu près les mêmes que celles pour le mois de janvier. Ne lâchez pas... Le printemps s'en vient vite!

Les canards : Pendant tout le mois de février, vous courrez la chance d'observer au-delà d'une centaine de Grands Harles, quelques Garrots à oeil d'or et peut-être un Garrot d'Islande qui hiverneront dans la polynie. Une polynie est un plan d'eau libre entourée de glaces qui, normalement ne gèle pas durant l'hiver et qui se retrouve habituellement en zone arctique. Selon les systèmes météo et l'intensité des marées, le plan d'eau peut s'élargir ou se rétrécir. Cette polynie est située le long du rang Saint-Martin à Chicoutimi. Vous aurez besoin de votre télescope afin de localiser les espèces aquatiques. Le plus difficile est de trouver un accès par le rang Saint-Martin pour observer les canards. Par Saint-Fulgence, il faut être en hauteur pour avoir accès visuellement à la polynie, comme exemple, au sommet du cap des Roches. Autre détail, lorsque le mercure est en bas de moins 18°Celsius, il y a de la fumée de mer qui crée un panache de vapeur coupant la visibilité. Allez-y plutôt lors d'un redoux sans précipitations. À ce moment, la fumée de mer sera absente.

À Jonquière, vous pouvez faire une randonnée pédestre jusqu'au bout du sentier derrière le Manoir du Saguenay, dans le secteur Arvida. La rivière Saguenay est normalement à l'eau libre à cet endroit durant l'hiver. Les chances sont bonnes que vous observiez des Grands Harles, des Garrots à oeil d'or et possiblement le Garrot d'Islande qui parfois, quitte la polynie à Saint-Fulgence pour hiverner sur cette partie de la rivière Saguenay. Toujours dans cette localité, il est recommandé de vérifier la rivière-aux-Sables à partir du pont Nelson. Parfois, des espèces aquatiques séjournent à cet endroit. Les possibilités sont que vous observiez quelques Grands Harles.

La rivière Chicoutimi, qui traverse la localité de Chicoutimi jusqu'à Laterrière, est un lieu à visiter durant l'hiver. Dans les sections qui sont à l'eau libre, sans doute observerez-vous des Canards colverts, peut-être un Canard noir ou deux, des Grands Harles, des Garrots à oeil d'or et peut-être une surprise comme un Harle couronné, une Sarcelle d'hiver, un Plongeon huard ou une autre espèce intéressante. Aussi, parcourez tranquillement le secteur de Portage-des-Roches tout en zieutant soigneusement la rivière à la recherche de canards. Ce milieu est habituellement riche en surprises ornithologiques.

Au Lac Saint-Jean, les plans d'eaux sont habituellement gelés en janvier. Par contre, s'il reste un trou d'eau disponible aux embouchures des rivières, des ruisseaux et des lacs forestiers, des surprises peuvent survenir lorsqu'on y s'attend le moins. Très important, ne manquez pas d'aller faire un tour à Alma qui, bien souvent, a été la source de belles découvertes ornithologiques. Prêtez attention aux espèces aquatiques fréquentant la rivière Petite-Décharge ainsi que la rivière Grande-Décharge.

Les grands faucons : Je parle ici du Faucon pèlerin et du Faucon gerfaut. Ces deux espèces hivernent dans la région. Durant l'hiver, ceux-ci se retrouvent dans différents habitats : urbain, aquatique et champêtre. Les mots clés à garder en mémoire sont : canards et pigeons. Les rapaces pourchassent ces groupes d'oiseaux pour s'en délecter. Scruter soigneusement les abords de la rivière Saguenay (gelés ou non). Par exemple : au bout de la flèche littorale ou sur le bord de la polynie à Saint-Fulgence ainsi que les structures anthropiques à La Baie (usine Rio Tinto Alcan). Dans les habitats champêtres, surtout au Lac Saint-Jean, observez soigneusement les sommets des silos à grains des fermes, les pylônes de transport d'énergie, la cime des arbres se trouvant sur un îlot rocheux au milieu d'un champ, ainsi que le haut des édifices ou des églises qui font de très bon perchoirs et des sites de guet dans les zones plus urbanisées. Va également pour les coopératives agricoles qui attirent ces rapaces à cause de l'abondance de pigeons et de petits oiseaux qui s'alimentent dans ce secteur. La coopérative agricole de Saint-Bruno est excellente en hiver pour attirer ces rapaces.

Les autres rapaces : Les oiseaux de proies susceptibles d'être recensés en février sont l'Épervier brun (peu fréquent), l'Autour des palombes (rare) et le Faucon émerillon (rare). Les attaques aux mangeoires sont à prévoir.

Les goélands : Lors de redoux, il y aura certainement quelques Goélands bourgmestres, Goélands marins et peut-être un Goéland argenté qui vont arriver du fleuve pour venir vérifier s'ils peuvent poursuivre leur migration. Nous pourrons observer ceux-ci près des sites de pêche blanche particulièrement à La Baie alors que les restes de poissons les intéressent. Puis la polynie au large de Saint-Fulgence est un excellent site à vérifier pour la présence de ces espèces. Dans la cas où il aurait un bon coup de froid comme c'est souvent le cas en février, les goélands repartent aussitôt pour le fleuve, mais ils reviendront lors du prochain redoux.

Les hiboux diurnes : Pour les personnes qui aiment faire des balades en voiture, cette activité est pour vous! Là où il y a des champs, au Lac Saint-Jean tout particulièrement, vous augmentez vos chances d'observer le majestueux Harfang des neiges ou parfois même le Hibou des marais. Quant à la Chouette épervière et la Chouette lapone, ces espèces ne sont pas systématiquement observées chaque hiver. Leur abondance est cyclique. Ces chouettes sont plus forestières et sont souvent observées en bordure d'une forêt avoisinant un champ. Saint-Honoré semble être la Mecque des chouettes depuis bon nombre d'années. Parcourez les rangs dans cette localité, mais aussi à Chicoutimi-Nord et à Canton-Tremblay, dans les zones rurales. En tout temps, soyez respectueux avec les hiboux qui demandent de l'intimité et du silence pour repérer leur proies à l'oreille.

Les hiboux nocturnes : En février, les hormones se réveillent chez le Grand-duc d'Amérique. Ils vont commencer à chanter ce mois-ci, question d'attirer une femelle tout en clamant un territoire pour la nidification prochaine. Petite suggestion... Lors de soirées sans vents, circulez dans les rangs bordés d'une forêt et effectuez des arrêts successifs à tous les demi-kilomètres environ pour écouter s'il n'y aurait pas un grand-duc qui ferait quelques vocalises. Cette excursion sera purement auditive.

Les pics : Les Pics à dos noir et les Pics à dos rayé seront parmi nous au cours des mois hivernaux. Soyez attentifs aux arbres morts dans les boisés, dans les parcs urbains et dans la forêt. Ce sont ces arbres que ces pics recherchent pour en retirer des larves. Quant au Grand Pic, il s'agit d'une espèce dites résidente, pouvant être vue à l'année. Par contre, soyez aux aguets pour le Pic flamboyant qui peut hiverner. Durant la saison froide, il devient frugivore. Surveillez alors les arbres fruitiers.

Les corneilles et les corbeaux : Vers l'heure du midi jusqu'au coucher du soleil, les Corneilles d'Amérique et les Grands Corbeaux retournent tranquillement vers le dortoir. Les personnes qui remarquent un achalandage accru de ces espèces dans leur secteur ou dans leur quartier peuvent s'amuser à les compter à leur passage. Cet inventaire sera une source très précieuse d'information sur la quantité de corvidés qui passent l'hiver avec nous.

Les alouettes et les plectrophanes : L'hiver, l'Alouette hausse-col, le Plectrophane des neiges et le Plectrophane lapon sont des espèces qui hivernent dans la région. Ces oiseaux sont susceptibles d'être rencontrés dans les champs et les labours, ainsi qu'aux abords des fermes, se tenant au pied des silos à grain ou sur des tas de fumier ou près des coopératives agricoles. Donc, les randonnés en voiture dans les différents rangs du Lac Saint-Jean sont à considérer. La coopérative de Saint-Bruno accueille souvent ces espèces.

Merles et jaseurs : Durant l'hiver, les merles deviennent frugivores. Il est fréquent que cette espèce passe l'hiver sous nos latitudes lorsque les fruits de sorbiers abondent. Ils peuvent également se nourrir de raisins dans les vignes et également consommer des graines sur les têtes des vinaigriers. Quant aux jaseurs, il est plus commun d'observer le Jaseur boréal lors des mois d'hiver. Cependant, certaines années, nous pouvons aussi recenser le Jaseur d'Amérique. Un coup de jumelles attentif devrait faire l'affaire. Dans les arbres fruitiers, de grandes raretés telles la Grive à collier ou le Solitaire de Townsend peuvent parfois être découvertes.

Grimpereaux et roitelets : Lors d'une randonnée pédestre en milieu forestier, il est parfois possible d'entendre siffler le minuscule Grimpereau brun qui arpente les arbres matures. Par contre, il n'est jamais très commun en hiver. Par la suite, lors de certains hivers, le Roitelet à couronne dorée peut hiverner dans la région en petit nombre. Encore une fois, les cris discrets que cette espèce émet au sommet des conifères permettent de la détecter.

Carouges, vachers et quiscales : Le Carouge à épaulettes, le Vacher à tête brune et le Quiscale bronzé demeurent toujours rares en hiver. Ils peuvent bien sûr se retrouver aux mangeoires, mais également près des coopératives agricoles. La coopérative de Saint-Bruno semble être l'endroit par excellence pour recenser le Vacher à tête brune durant les mois d'hiver.

Sizerins, chardonnerets et becs-croisés : Selon leurs cycles d'abondance, il y aura présence du Sizerin flammé et du Sizerin blanchâtre (rare) certains hivers. Lorsque les sizerins sont absents, ils sont remplacés par le Chardonneret jaune et le Tarin des pins. Quant aux Durbec des sapins, Becs-croisés bifasciés et Becs-croisés des sapins, leurs présences sont régies par des cycles naturels, ce qui veut dire qu'ils sont présents certains hiver et absents pendant d'autres hivers.