dimanche 1 décembre 2013

Quoi faire en décembre?

Surtout, ne remisez pas vos jumelles et votre télescope! Il y a encore des oiseaux à observer! Le mois de décembre est un mois où l'ornithologue devient naturellement plus casanier. Nous pouvons accuser le manque de lumière, le froid et les tempêtes de neige. De plus, les migrateurs sont partis pour le Sud. Toutes ces raisons sont vraies. Cependant, les oiseaux qui hiverneront dans la région restent à découvrir dans les différents habitats. Il y a toujours des espèces d'oiseaux intéressants à observer. De plus, les mangeoires risquent d'être occupées, offrant parfois des cadeaux ornithologiques! De ce pas, je vous invite à lire ce qui suit, dans ce qu'il y a à faire durant ce mois hivernal. Désolée. Pas de chômage pour les ornithologues en décembre.

Les canards : Tant et aussi longtemps que la rivière Saguenay et le lac Saint-Jean ne seront pas gelés, scrutez soigneusement ces plans d'eaux afin de rechercher des canards plongeurs retardataires tels le Harelde kakawi, le Harle huppé ou une macreuse. Il y aura peut-être un Plongeon huard ou un plus rare Plongeon catmarin dans ces milieux. De grandes raretés ont déjà été observées en décembre tel le Fulmar boréal ainsi que l'Arlequin plongeur. Soyez persévérants et visitez souvent ces milieux aquatiques.

Pendant tout le mois de décembre, rendez-vous au quai de Saint-Fulgence. Vous courrez la chance d'observer au-delà d'une centaine de Grands Harles, des Garrots à oeil d'or et peut-être un Garrot d'Islande qui tentera d'hiverner. Ce qui est particulier à Saint-Fulgence est la présence d'une polynie, habituellement rencontrée en Arctique. Une polynie est un plan d'eau qui ne gèle pas durant l'hiver. Les oiseaux y demeurent au cours de la saison froide. Dans cette nappe d'eau libre à Saint-Fulgence, les harles et les garrots hivernent. Selon les systèmes météo et l'intensité des marées, le plan d'eau peut s'élargir ou se rétrécir. Cette polynie est située le long du rang Saint-Martin à Chicoutimi. Puisqu'il n'y a pas vraiment d'accès par le rang Saint-Martin, le quai de Saint-Fulgence permet de jeter un oeil sur les canards qui hivernent à cet endroit. Vous aurez besoin de votre télescope. Autre détail, lorsqu'il en bas de -18°C, il y a de la fumée de mer qui crée un panache de vapeur coupant la visibilité. Allez-y lors d'un redoux sans précipitations.

En décembre, on peut faire la tournée des localités suivantes lorsque la rivière Saguenay est gelée : Jonquière (la rivière-aux-Sables sous le pont Nelson, la rivière Saguenay au bout du sentier derrière le Manoir du Saguenay), Chicoutimi (le bassin et la rivière Chicoutimi) et Laterrière (la rivière Chicoutimi et Portage-des-Roches). Il y peut rester quelques Bernaches du Canada, des Canards colverts, des Canards noirs, un Harle couronné ou même une Sarcelle d'hiver. Les Grands Harles et les Garrots à oeil d'or seront peut-être présents sur ces sites. Ouvrez l'oeil au pied du barrage de Portage-des-roches pour le Plongeon huard qui tente parfois d'hiverner dans ce secteur.

Au Lac Saint-Jean, toutes les embouchures de rivières importantes sont à regarder de près (Belle-Rivière, Ashuapmushuan, Ticouapé, Péribonca). Lorsque le lac est partiellement gelé, les embouchures peuvent abriter des oiseaux fort intéressants. Tant qu'il y a un peu d'eau libre, ces endroits sont stratégiques pour faire des découvertes inusitées.

N'oubliez surtout pas d'aller faire un tour à Alma qui, bien souvent, a été source des belles surprises ornithologiques. Prêtez attention aux oiseaux fréquentant la rivière Petite-Décharge, la rivière Grande-Décharge, la pointe des Américains et la baie de la Grande-Décharge.

Pygargues à tête blanche : Les pygargues sont souvent vus en décembre. Ceux-ci sont à la recherche de canards et de goélands. Donc, lorsque vous ferez des sorties en explorant les milieux aquatiques, surveillez les lieux et les cieux pour ce grand rapace. Aussi, le site d'enfouissement sanitaire à L'Ascension est un secteur à visiter durant la semaine (fermé la fin de semaine et inaccessible). Puisque les pygargues sont des oiseaux charognards, ces rapaces peuvent être vus à cet endroit ou dans les alentours. Demandez toujours la permission aux autorités concernées lorsque vous voulez entrer dans l'enceinte du site d'enfouissement.

Les grands faucons : Je parle ici du Faucon pèlerin et du Faucon gerfaut. Ces deux espèces hivernent dans la région. Durant l'hiver, ces espèces se retrouvent dans différents habitats : urbain, aquatique et champêtre. Les mots clés à garder en mémoire sont : canards et pigeons. Les rapaces pourchassent ces groupes d'oiseaux pour s'en délecter. Scruter soigneusement les abords de la rivière Saguenay (gelés ou non). Par exemple : au bout de la flèche littorale ou sur le bord de la polynie à Saint-Fulgence ainsi que les structures anthropiques à La Baie (usine Rio Tinto Alcan). Dans les habitats champêtres, surtout au Lac Saint-Jean, observez soigneusement les sommets des silos à grains des fermes, les pylônes de transport d'énergie, la cime des arbres se trouvant sur un îlot rocheux au milieu d'un champ, ainsi que le haut des édifices ou des églises qui font de très bon perchoirs et des sites de guet dans les zones plus urbanisées.

Les autres rapaces : Les oiseaux de proies susceptibles d'être recensés en décembre sont le Busard Saint-Martin (très rare en décembre), l'Épervier brun (peu fréquent), l'Autour des palombes (rare), la Buse à queue rousse (rare), la Buse pattue (peu fréquent) et le Faucon émerillon (peu fréquent). Les deux premières semaines de décembre sont chanceuses pour trouver quelques buses dans les milieux champêtres. Quant au groupe des éperviers, les chances augmentent de voir ceux-ci lors d'attaques aux mangeoires.

Les goélands : Début décembre, les goélands des cinq espèces communes peuvent être observés si les plans d'eaux ne sont pas gelés. La première semaine de décembre sera critique pour voir les derniers Goélands à bec cerclé à Saint-Fulgence, à La Baie ou à l'Anse-Saint-Jean lors de la marée basse. Si le temps doux persiste, les labours peuvent être de bons endroits pour recenser les Goélands argentés. À nouveau, qui parle de dépotoir veut dire goélands. Ces sites sont très appréciés par les Goélands bourgmestres, Goélands marins et les Goélands argentés. Le site d'enfouissement sanitaire à L'Ascension est tout prescrit si les autorités vous donne la permission d'entrer à l'intérieur du périmètre.

Les hiboux diurnes : Pour les personnes qui aiment faire des balades en voiture, cette activité est pour vous! Là où il y a des champs, au Lac Saint-Jean tout particulièrement, vous augmentez vos chances d'observer le majestueux Harfang des neiges ou parfois même le Hibou des marais. Quant à la Chouette épervière et la Chouette lapone, ces espèces ne sont pas systématiquement observées chaque hiver. Leur abondance est cyclique. Ces chouettes sont plus forestières et sont souvent observées en bordure d'une forêt avoisinant un champ. Saint-Honoré semble être la Mecque des chouettes depuis bon nombre d'années. Parcourez les rangs dans cette localité, mais aussi à Chicoutimi-Nord et à Canton-Tremblay, dans les zones rurales. En tout temps, soyez respectueux avec les hiboux qui demandent de l'intimité et du silence pour repérer leur proies à l'oreille.

Les pics : Les Pics à dos noir et les Pics à dos rayé seront parmi nous au cours des mois hivernaux. Soyez attentifs aux arbres morts dans les boisés, dans les parcs urbains et dans les forêts. Ce sont ces arbres que ces pics recherchent pour en retirer des larves. Quant au Grand Pic, il s'agit d'une espèce dites résidente, pouvant être vue à l'année. Par contre, soyez aux aguets pour le Pic flamboyant qui peut hiverner. Durant la saison froide, il devient frugivore. Surveillez alors les arbres fruitiers.

Les alouettes et les plectrophanes : L'hiver, l'Alouette hausse-col, le Plectrophane des neiges et le Plectrophane lapon sont des espèces qui hivernent dans la région. Ces oiseaux sont susceptibles d'être rencontrés dans les champs et les labours, ainsi qu'aux abords des fermes, se tenant au pied des silos à grain ou sur des tas de fumier ou près des coopératives agricoles. Donc, les randonnées en voiture dans les différents rangs du Lac Saint-Jean sont à considérer. La coopérative de Saint-Bruno accueille souvent ces espèces.

Merles et jaseurs : Durant l'hiver, les merles deviennent frugivores. Il est très fréquent que cette espèce passe l'hiver sous nos latitudes lorsque les fruits de sorbiers abondent. Ils peuvent également se nourrir de raisins dans les vignes ainsi que consommer des graines sur les têtes des vinaigriers. Quant aux jaseurs, il est plus commun d'observer le Jaseur boréal lors des mois d'hiver. Cependant, certaines années, nous pouvons aussi recenser le Jaseur d'Amérique. Un coup de jumelles attentif devrait faire l'affaire. Dans les arbres fruitiers, de grandes raretés telles la Grive à collier ou le Solitaire de Townsend peuvent également être découvertes.

Grimpereaux et roitelets : Lors d'une randonnée pédestre en milieu forestier, il est parfois possible d'entendre siffler le minuscule Grimpereau brun qui arpente les arbres matures. Par contre, il n'est jamais très commun en hiver. Par la suite, lors de certains hivers, le Roitelet à couronne dorée peut hiverner dans la région en petit nombre. Encore une fois, les cris discrets que cette espèce émet au sommet des conifères permettent de la détecter.

Les bruants : Lorsqu'il y aura un tapis de neige au sol, les bruants apparaîtront aux mangeoires. C'est alors qu'on pourra peut-être y découvrir le Junco ardoisé, le Bruant à gorge blanche ou le Bruant chanteur qui tenteront de passer l'hiver.

Carouges, vachers et quiscales : Le Carouge à épaulettes, le Vacher à tête brune et le Quiscale bronzé demeurent toujours rares en hiver. Ils peuvent bien sûr se retrouver aux mangeoires, mais également près des coopératives agricoles. La coopérative de Saint-Bruno semble être l'endroit par excellence pour recenser le Vacher à tête brune durant les mois d'hiver.

Sizerins, chardonnerets et becs-croisés : Selon leur cycle d'abondance, il y aura présence du Sizerin flammé et du Sizerin blanchâtre (rare) certains hivers. Lorsque les sizerins sont absents, ils sont remplacés par le Chardonneret jaune et le Tarin des pins. Quant aux Durbecs des sapins, Bec-croisés bifasciés et Bec-croisés des sapins, leurs présences sont régies par des cycles naturels. Certains hivers ils sont présents alors que certains hivers ils ne le sont pas.

Les mangeoires : En terminant, ouvrez l'oeil pour des espèces rares qui peuvent se pointer un jour à votre poste d'alimentation. Un grand nombre d'espèces inusitées ont été observées aux mangeoires en hiver. La venue d'un Tohi à flancs roux, d'une Sittelle à poitrine blanche, d'un Pic à ventre roux ou d'un Cardinal rouge pourraient vous causer toute une surprise un de ces jours!