Courez partout! C'est le temps d'observer à temps plein!
Nous avons attendu tout l'hiver pour vivre cette période où les oiseaux
abondent et chantent partout. Mai est le mois le plus intense de l'année.
Presque à chaque jour, de nouveaux migrateurs arrivent dans la région. Comme
vous le constaterez en lisant plus bas, le mois de mai en est un où vous pourrez
recenser les oiseaux 24h sur 24. Dans votre journée, il faudra choisir les
groupes d'oiseaux que vous voudrez observer car vous ne pourrez tout faire. Par
exemple, dans votre journée, voulez-vous recenser les canards, les rapaces, les
bécasseaux, les parulines ou les grives lors de la migration nocturne? Sans
plus tarder, je vous invite à lire ce qui suit afin de vous guider dans le
dédale de la migration du mois de mai!
Les oies et les
bernaches : Lors des deux premières semaines de mai, prenez le temps de
bien observer chaque Bernache du Canada et chaque Oie des neiges. En ce moment,
ils sont présents un peu partout dans la région, que ce soit aux abords des
battures des grands cours d'eau comme la rivière Saguenay ou bien dans les
champs. Chaque année se glisse parmi les hordes d'anatidés de belles surprises
telles la Bernache de Hutchins, l'Oie de Ross et l'Oie rieuse.
Les Bernaches
cravants : La migration de cette petite bernache qui provient du fleuve
s'effectue à la fin mai et au début juin. Malheureusement, leur apparition est
difficile à prévoir. C'est qu'elles passent rapidement à travers la région,
utilisant le corridor du fjord comme autoroute vers le Nord. Ces bernaches
peuvent migrer autant le jour que la nuit. Les journées sans vent, accompagnées
de beau temps sont vos meilleures alliés. Les deux ou trois sites où elles sont
vues le plus souvent sont à La Baie, Saint-Fulgence, Lac-Kénogami et le lac
Saint-Jean. Parfois, quelques individus peuvent se reposer sur les berges du
Lac ou au bout de la flèche littorale pendant quelques heures.
Les canards
barboteurs et les canards plongeurs : Dès le début mai, visitez souvent les
battures au Saguenay et les berges tout le tour du lac Saint-Jean. Les marais
les plus populaires des ornithologues sont le Petit Marais à Saint-Gédéon et le
Grand Marais à Métabetchouan. Si le lac Saint-Jean est encore gelé au début du
mois, les canards seront concentrés dans les marais ce qui rend l'observation
très intéressante et intense. Par contre, si le lac Saint-Jean est dégagé de
ses glaces, les canards seront en moindre quantité dans les marais, les oiseaux
ayant migré. Dans la partie ouest du lac Saint-Jean, les embouchures des
grandes rivières sont richissime et le potentiel sous-exploité par les
observateurs. L'embouchure de la rivière Ticouapé et celle de la rivière
Péribonca sont sources de grande surprises ornithologiques tel un Canard
siffleur ou un Fuligule à dos blanc. Allez-y souvent! Ne soyez pas surpris si à
la fin du mois vous observez déjà une couvée de Canards colverts ou de Canards
noirs. Ces espèces débutent la nidification tôt, presque lors de conditions
hivernales.
Les trois espèces de
macreuses : Dès la mi-mai, mais surtout à la fin mai, les Macreuses à front
blanc, les Macreuses brunes et les Macreuses à bec jaune vont arriver chez nous
via le fleuve Saint-Laurent. Elles seront recensées pendant environ trois
semaines, incluant le début juin. Puisque ce sont des canards de mer, vous les
retrouverez sur la rivière Saguenay, du côté de l'entrée du fjord, puis au
large de la rivière Saguenay à La Baie et au large sur lac Saint-Jean. Ces
canards veulent migrer rapidement vers le Nord. Donc, lors de belles journées,
ils ont tendance à migrer (jour ou nuit). Lors d'une météo maussade, vous avez
la chance des les observer alors qu'ils attendent un système météo favorable à
leurs déplacements.
Les Plongeons huards
: Pour les lèves-tôt, voici une activité pour vous. Du 1er au 15 mai, mais
surtout vers le 10 mai qui correspond à leur pic de migration, vous serez
témoin d'un beau phénomène. Lors de matins sans vents avec un plafond du ciel
élevé, les plongeons vont migrer en bon nombre. Dès 6h du matin jusqu'à environ
10h, soyez sur le terrain, fin prêt. Les oiseaux partent du fleuve, suivent le
corridor du fjord et fonce droit en direction du lac Saint-Jean. Certains
plongeons se déplaceront à ras la rivière Saguenay, mais la plupart migreront à
bonne altitude en bandes détachées au-dessus des montagnes le long de la rive
nord qui longent cette rivière. Plusieurs dizaines, voir quelques centaines de plongeons
peuvent être observés lors des meilleures journées de migration. Puisque peu
d'inventaires de ce genre ont été pratiqués, nous savons cependant que la halte
routière à Canton-Tremblay (Valin) est une plaque tournante pour la migration
de cette espèce. À cet endroit, les plongeons suivent les montagnes et
bifurquent à l'intérieur des terres, soit en empruntant la vallée de la rivière
Valin. Il s'agit d'une sorte de raccourcie pour se diriger ver le
Lac-Saint-Jean. Donc, vous êtes invités à observer à Valin ou bien explorer du
côté du Lac-Kénogami ou tout autour du lac Saint-Jean afin de savoir s'il
existe un corridor spécifique à cette espèce au printemps. Bien des choses
restent à découvrir.
Les grèbes et la
foulque : Au cours du mois de mai, les trois espèces de grèbes peuvent être
recensés. Visitez les grands cours d'eau pour trouver les Grèbes esclavons
(rares) et les Grèbes jougris tels le lac Saint-Jean et la rivière Saguenay (La
Baie et Saint-Fulgence). Quant au Grèbe à bec bigarré, vous le découvrirez dans
les différents marais où il nichera. La Mecque du Grèbe à bec bigarré et de la
Foulque d'Amérique se situe au marais de Canards Illimités à Saint-Fulgence où
il niche en bon nombre.
Urubus à tête rouge :
Ils seront partout! Dès qu'une brise se lève au matin, ils se dispersent pour
aller trouver de la nourriture. Cette espèce niche maintenant chez nous depuis
peu d'années. Profitez-en pour en faire des dénombrements intéressants lorsque
des groupes s'élèvent ensemble le matin.
Les oiseaux de proies
: La migration des oiseaux de proies achève. Ne reste que la première semaine
de mai et par la suite, ce sera plus tranquille dans le ciel. Dans la première
semaine de mai, vous verrez principalement des Petites Buses et des Éperviers
bruns. Bien sûr, des Pygargues à tête blanche et des Aigles royaux en
migration, des immatures pour la plupart, seront encore observables avec un peu
d'acharnement. Quant aux pygargues sans vocation de nidification, vous les
retrouverez sur les berges autour du lac Saint-Jean, ceux-ci ayant un oeil sur
les anatidés et les canards. Un bon endroit pour en voir également est dans le
Grand Marais à Métabetchouan. Du côté du Saguenay, les battures lors de la
marée basse à Saint-Fulgence et à La Baie sont des sites chanceux pour leurs
observations.
Pour ce qui est du Faucon pèlerin, vous serez susceptible de
voir cette espèce pourchasser après les Sarcelles d'hiver présentes dans le
Grand Marais. Les faucons vont se concentrer là où il y a de la nourriture,
soit des canards, soit des goélands. Donc, les embouchures de grands rivières
au Lac-Saint-Jean sont de bons endroits pour l'observation de ce grand rapace.
Côté Saguenay, le Faucon pèlerin niche dans les parois du fjord du Saguenay.
Son garde-manger se trouve sur les battures à La Baie et à Saint-Fulgence.
Préférez la marée basse pour son observation car il a tendance à se poser sur
les rochers.
Les Balbuzards pêcheurs seront présents un peu partout
durant le mois, là où il y a un plan d'eau, car ils se nourrissent
exclusivement de poissons. Avant d'atteindre la forêt boréale pour leur
nidification, ils se refont des forces en pêchant aux abords de la rivière
Saguenay, autour du lac Saint-Jean et au-dessus des marais comme au Petit
Marais de Saint-Gédéon et au Grand Marais de Métabetchouan. Au Saguenay, les
balbuzards sont très présents de chaque côté du pont Dubuc. Vers la mi-mai, les
rapaces migreront et deviendront plus discrets par la suite dans notre paysage
urbain.
Les grues : Ça
vous tente de faire une promenade dans les rangs un bon matin? Pourquoi ne pas
chercher des Grues du Canada dans les champs? Celles-ci ont tendance à se
réunir sur la rive nord du Lac-Saint-Jean, soit à Saint-Augustin, Saint-Eugène,
Normandin, Albanel, etc. Elles nichent maintenant dans la région et peuvent se
compter parfois par centaines. Vraiment un beau spectacle! S'il vous plaît,
soyez respectueux des terres des agriculteurs et demandez la permission aux
propriétaires si vous voulez emprunter l'un de leurs chemins afin de vous
approcher des grues. Cependant, sachez que les grues sont très farouches. Un
télescope est hautement recommandé pour les observer de loin et les laisser
s'alimenter en toute quiétude.
Les bécasseaux :
Là où il y a de la boue, il y a des chances d'observer des limicoles. Vous
retrouverez nombre d'espèces sur les battures à La Baie et à Saint-Fulgence au
gré du mois de mai et des marées. Va également pour le Grand Marais de
Métabetchouan où ceux-ci ont tendance à se réunir en grand nombre avant de
migrer. Puisque ce marais est un réservoir, nous ne savons jamais d'avance si
les oiseaux seront présents longtemps à cet endroit. Lorsque le marais est bas,
allez-y souvent. Une fois que le marais se remplie d'eau, vers la mi-mai
habituellement, parce qu'il est régi par la montée du lac Saint-Jean, c'est
foutu. Visitez aussi les embouchures de grandes rivières tel la rivière
Ticouapé qui sont d'excellents sites pour y découvrir les espèces de
bécasseaux. Faites aussi une tournée dans les différentes stations d'épurations
des eaux usées. Puis, lorsque la montée des eaux rend impossible l'accès aux
berges autour du lac Saint-Jean, les limicoles peuvent s'alimenter dans les
champs. Mais le hic, où ça? Scrutez minutieusement autour des fosses à purin
aux abords des fermes pour retrouver le discret Chevalier solitaire qui aime
bien fréquenter ces endroits riches en insectes. Le soir, une heure après le
coucher du soleil, les Bécassines de Wilson et les Bécasses d'Amérique
effectueront leurs parades nuptiales très sonores. Les abords des marais, des
terres en friches et des terrains vagues sont de bons endroits pour écouter
leurs parades.
Les mouettes : Les
Mouettes de Bonaparte traversent rapidement la région en mai. Si vous êtes
chanceux, vous les verrez en migration, soit à Saint-Fulgence au large de la
flèche littorale, soit au large du lac Saint-Jean. Sinon, lorsque le temps sera
plus maussade, elles se réuniront pour s'alimenter surtout au Grand Marais de
Métabetchouan et au Petit Marais de Saint-Gédéon. Prenez le temps de vérifier
chaque individu puisqu'une rare Mouette pygmée peut se glisser parmi elles.
Les sternes : En
mai, il est possible d'observer la Sterne pierregarin (commune) et la Sterne
arctique (rare) autour des mêmes sites indiqués pour les mouettes. Quant à la
Sterne arctique, vous ne l'observerez qu'à partir de la mi-mai jusqu'au début
juin. Il s'agit de la seule période où vous pourrez la voir puisque qu'à
l'automne, elle utilise un autre corridor de migration. Si vous la ratez, vous
devrez attendre le printemps suivant. La Sterne arctique arrive par le corridor
du fjord et se dirige vers le lac Saint-Jean pour ensuite monter vers le Nord.
Vous comprendrez alors que Saint-Fulgence est l'endroit par excellence pour son
observation. Cependant, lorsqu'il fait
très beau, les sternes ont tendance à migrer à haute altitude. Choisissez
plutôt un temps maussade pour tenter de les trouver au milieu de la rivière
Saguenay lors des changements de marées, au large dans l'entrée du fjord ou posées
au bout de la flèche littorale. Les oiseaux s'alimentent et se reposent en
attendant de meilleures conditions météo afin de poursuivre leur migrations. Au
Lac-Saint-Jean, dans des conditions météo exécrables, des centaines de sternes
ont été observées dans le passé au Grand Marais de Métabetchouan, au Petit
Marais de Saint-Gédéon ainsi qu'à l'embouchure de la rivière Ticouapé. Bonne
chance!
Les engoulevents
: Les Engoulevents d'Amériques arrivent à la fin mai seulement dans notre
région. Les signalements d'engoulevents avant cette période proviennent souvent
des observateurs peu expérimentés qui entendent des Bécasses d'Amérique en
début de soirée.
Les colibris :
Dès le 1er mai, nettoyez vos auges, remplissez-les de nectar et installez-les
dehors afin d'être prêts pour l'arrivée des Colibris à gorge rubis.
Normalement, les colibris arrivent entre le 15 et le 20 mai, les mâles
apparaissant en premier. Par contre, certaines années, les premiers individus
peuvent apparaître plus hâtivement. En mai, changez régulièrement votre nectar,
une fois par semaine environ.
Les hirondelles :
Votre maisonnette pour hirondelles va être bientôt très sollicitée par les
Hirondelles bicolores si vous demeurez en zone urbaine ou en zone de
villégiature autour d'un lac forestier. Que leur nichoir soit propre pour ces
nouveaux propriétaires ailés! Jetez des plumes ou du duvet sur le sol. Elles
vont apprécier ces matériaux très utiles pour garder les oisillons au chaud.
Pour ce qui est des Hirondelles rustiques, elles nichent près des bâtiments de
fermes ou sous les ponts. Quant aux Hirondelles à front blanc, elles vont
nicher dans leurs maisons-gourdes faites d'argile sous le pont de la rivière
Valin à Canton-Tremblay par exemple. Elles aiment beaucoup aussi effectuer leurs
nids sous les pignons des maisons. Mais comme cette dernière espèce est plus
rare, il est difficile de vous dire quelles maisons elles vont choisir!
Cependant, La Baie, Saint-Fulgence, Desbiens, Sainte-Hedwidge et
Saint-Thomas-Didyme entre autres sont de bons secteurs.
Les grives : Les
cinq espèces de grives arrivent dans la région en mai. Habituellement, c'est la
Grive solitaire qui arrive la première en mai, parfois même à la fin avril.
Puis, les Grives à dos olive et les Grives fauves peuvent être vues ou
entendues dans leurs habitats à partir de la mi-mai. Vient ensuite les deux
grives les plus rares dans la dernière semaine de mai soit la Grive de Bicknell
et la Grive à joues grises. Dans la région, la Grive de Bicknell niche au
sommet des montagnes, soit sur les montagnes de la chaîne des Monts-Valin. Lorsqu'elle
arrive dans la région, elle est déjà installée dans ses quartiers de
nidification. Bien au nord de cette chaîne, c'est le royaume de la Grive à joues
grises. Celle-ci n'est pas susceptible de nicher dans la région. Durant le
jour, vous aurez peut-être la chance et la surprise d'observer la Grive à joues
grises alors qu'elle effectue une halte dans sa migration. Elle se mélange aux
Grives à dos olive qui remontent vers le Nord. Une autre façon de recenser les
grives (G. fauve, G. à dos olive, G. à joues grises) est d'effectuer une écoute
nocturne, loin des bruits de la ville. Il faut alors connaître leur cris de vol
que vous pouvez vous familiariser avec sur le site de Dendroica sur Internet.
Les plectrophanes
: Dans les champs labourés, surtout au Lac-Saint-Jean, vous serez en mesure de
recenser des dizaines, voir des centaines de Plectrophanes des neiges ainsi que
plusieurs Plectrophanes lapons, avant que ceux-ci ne partent pour nicher dans
le Grand Nord. Le pic de migration pour cette dernière espèce se situe aux
environs du 10 mai. Plusieurs heures de plaisir vous attendent à rouler dans
les différents rangs de la région. Évidemment, des nombreuses Alouettes
hausse-col et Pipits d'Amérique seront également sur votre chemin, ces espèces
fréquentant les mêmes habitats que les plectrophanes.
Les viréos :
Souvent, le premier viréo à être recensé est le Viréo à tête bleue au début ou
à la mi-mai et peut-être le Viréo de Philadelphie. Ensuite, arrivent dans la
dernière semaine du mois le Viréo aux yeux rouges. Lorsque cette dernière
espèce sera dans la région, vous le saurez alors que les oiseaux chanteront inlassablement
chaque jour pendant la saison de nidification.
Les parulines :
Avant la mi-mai, vous serez plus susceptibles de rencontrer les nombreuses
Parulines à croupion jaune, les quelques Parulines à joues grises et peut-être
une ou deux Parulines à couronne rousse. Ensuite, à partir de la mi-mai jusqu'à
la fin du mois et même jusqu'au début juin, les autres espèces de parulines
rentrent en force. Les dernières espèces à atteindre la région tard en mai et
au début juin sont la Paruline rayée, la Paruline à calotte noire, la Paruline
triste, la Paruline du Canada et la très rare Paruline à gorge grise. En
migration, les parulines de toutes espèces seront partout et pas nécessairement
dans leurs habitats de nidification respectifs. Lors des coups de froid,
cherchez les parulines autour des points d'eau tels les ruisseaux, les lacs et
les marais alors qu'elles s'alimentent d'insectes à l'abri du vent.
Les bruants : En
mai, vous serez sans doute envahi pendant une semaine ou deux par les Bruant à
couronne blanche aux mangeoires. Ceux-ci transitent par la région en route vers
le Nord dès que les systèmes météos sont favorables à leurs déplacements.
Certains fin de printemps, nous en voyons beaucoup alors que d'autre printemps,
ils nous échappent. Même chose pour les Bruants hudsoniens qui seront abondants
en mai pour une courte période.
Les quiscales :
Ici, nous traitons des Quiscales rouilleux. Cette espèce arrive dans la région
en mai et se tient souvent en groupes, comme pour les Quiscales bronzés. Ces
quiscales (rouilleux) sont toujours à la recherche d'un point d'eau pour s'y
nourrir. Il peut s'agir d'un ruisseau, d'un lac, mais ils apprécient
particulièrement se tenir autour des marais lors de ce mois. Cherchez-les
autour du Petit Marais de Saint-Gédéon et autour du marais de Canards Illimités
à Saint-Fulgence.