jeudi 1 mai 2014

Quoi faire en mai?

Courez partout! C'est le temps d'observer à temps plein! Nous avons attendu tout l'hiver pour vivre cette période où les oiseaux abondent et chantent partout. Mai est le mois le plus intense de l'année. Presque à chaque jour, de nouveaux migrateurs arrivent dans la région. Comme vous le constaterez en lisant plus bas, le mois de mai en est un où vous pourrez recenser les oiseaux 24h sur 24. Dans votre journée, il faudra choisir les groupes d'oiseaux que vous voudrez observer car vous ne pourrez tout faire. Par exemple, dans votre journée, voulez-vous recenser les canards, les rapaces, les bécasseaux, les parulines ou les grives lors de la migration nocturne? Sans plus tarder, je vous invite à lire ce qui suit afin de vous guider dans le dédale de la migration du mois de mai!

Les oies et les bernaches : Lors des deux premières semaines de mai, prenez le temps de bien observer chaque Bernache du Canada et chaque Oie des neiges. En ce moment, ils sont présents un peu partout dans la région, que ce soit aux abords des battures des grands cours d'eau comme la rivière Saguenay ou bien dans les champs. Chaque année se glisse parmi les hordes d'anatidés de belles surprises telles la Bernache de Hutchins, l'Oie de Ross et l'Oie rieuse.

Les Bernaches cravants : La migration de cette petite bernache qui provient du fleuve s'effectue à la fin mai et au début juin. Malheureusement, leur apparition est difficile à prévoir. C'est qu'elles passent rapidement à travers la région, utilisant le corridor du fjord comme autoroute vers le Nord. Ces bernaches peuvent migrer autant le jour que la nuit. Les journées sans vent, accompagnées de beau temps sont vos meilleures alliés. Les deux ou trois sites où elles sont vues le plus souvent sont à La Baie, Saint-Fulgence, Lac-Kénogami et le lac Saint-Jean. Parfois, quelques individus peuvent se reposer sur les berges du Lac ou au bout de la flèche littorale pendant quelques heures.

Les canards barboteurs et les canards plongeurs : Dès le début mai, visitez souvent les battures au Saguenay et les berges tout le tour du lac Saint-Jean. Les marais les plus populaires des ornithologues sont le Petit Marais à Saint-Gédéon et le Grand Marais à Métabetchouan. Si le lac Saint-Jean est encore gelé au début du mois, les canards seront concentrés dans les marais ce qui rend l'observation très intéressante et intense. Par contre, si le lac Saint-Jean est dégagé de ses glaces, les canards seront en moindre quantité dans les marais, les oiseaux ayant migré. Dans la partie ouest du lac Saint-Jean, les embouchures des grandes rivières sont richissime et le potentiel sous-exploité par les observateurs. L'embouchure de la rivière Ticouapé et celle de la rivière Péribonca sont sources de grande surprises ornithologiques tel un Canard siffleur ou un Fuligule à dos blanc. Allez-y souvent! Ne soyez pas surpris si à la fin du mois vous observez déjà une couvée de Canards colverts ou de Canards noirs. Ces espèces débutent la nidification tôt, presque lors de conditions hivernales.

Les trois espèces de macreuses : Dès la mi-mai, mais surtout à la fin mai, les Macreuses à front blanc, les Macreuses brunes et les Macreuses à bec jaune vont arriver chez nous via le fleuve Saint-Laurent. Elles seront recensées pendant environ trois semaines, incluant le début juin. Puisque ce sont des canards de mer, vous les retrouverez sur la rivière Saguenay, du côté de l'entrée du fjord, puis au large de la rivière Saguenay à La Baie et au large sur lac Saint-Jean. Ces canards veulent migrer rapidement vers le Nord. Donc, lors de belles journées, ils ont tendance à migrer (jour ou nuit). Lors d'une météo maussade, vous avez la chance des les observer alors qu'ils attendent un système météo favorable à leurs déplacements.

Les Plongeons huards : Pour les lèves-tôt, voici une activité pour vous. Du 1er au 15 mai, mais surtout vers le 10 mai qui correspond à leur pic de migration, vous serez témoin d'un beau phénomène. Lors de matins sans vents avec un plafond du ciel élevé, les plongeons vont migrer en bon nombre. Dès 6h du matin jusqu'à environ 10h, soyez sur le terrain, fin prêt. Les oiseaux partent du fleuve, suivent le corridor du fjord et fonce droit en direction du lac Saint-Jean. Certains plongeons se déplaceront à ras la rivière Saguenay, mais la plupart migreront à bonne altitude en bandes détachées au-dessus des montagnes le long de la rive nord qui longent cette rivière. Plusieurs dizaines, voir quelques centaines de plongeons peuvent être observés lors des meilleures journées de migration. Puisque peu d'inventaires de ce genre ont été pratiqués, nous savons cependant que la halte routière à Canton-Tremblay (Valin) est une plaque tournante pour la migration de cette espèce. À cet endroit, les plongeons suivent les montagnes et bifurquent à l'intérieur des terres, soit en empruntant la vallée de la rivière Valin. Il s'agit d'une sorte de raccourcie pour se diriger ver le Lac-Saint-Jean. Donc, vous êtes invités à observer à Valin ou bien explorer du côté du Lac-Kénogami ou tout autour du lac Saint-Jean afin de savoir s'il existe un corridor spécifique à cette espèce au printemps. Bien des choses restent à découvrir.

Les grèbes et la foulque : Au cours du mois de mai, les trois espèces de grèbes peuvent être recensés. Visitez les grands cours d'eau pour trouver les Grèbes esclavons (rares) et les Grèbes jougris tels le lac Saint-Jean et la rivière Saguenay (La Baie et Saint-Fulgence). Quant au Grèbe à bec bigarré, vous le découvrirez dans les différents marais où il nichera. La Mecque du Grèbe à bec bigarré et de la Foulque d'Amérique se situe au marais de Canards Illimités à Saint-Fulgence où il niche en bon nombre.

Urubus à tête rouge : Ils seront partout! Dès qu'une brise se lève au matin, ils se dispersent pour aller trouver de la nourriture. Cette espèce niche maintenant chez nous depuis peu d'années. Profitez-en pour en faire des dénombrements intéressants lorsque des groupes s'élèvent ensemble le matin.

Les oiseaux de proies : La migration des oiseaux de proies achève. Ne reste que la première semaine de mai et par la suite, ce sera plus tranquille dans le ciel. Dans la première semaine de mai, vous verrez principalement des Petites Buses et des Éperviers bruns. Bien sûr, des Pygargues à tête blanche et des Aigles royaux en migration, des immatures pour la plupart, seront encore observables avec un peu d'acharnement. Quant aux pygargues sans vocation de nidification, vous les retrouverez sur les berges autour du lac Saint-Jean, ceux-ci ayant un oeil sur les anatidés et les canards. Un bon endroit pour en voir également est dans le Grand Marais à Métabetchouan. Du côté du Saguenay, les battures lors de la marée basse à Saint-Fulgence et à La Baie sont des sites chanceux pour leurs observations.

Pour ce qui est du Faucon pèlerin, vous serez susceptible de voir cette espèce pourchasser après les Sarcelles d'hiver présentes dans le Grand Marais. Les faucons vont se concentrer là où il y a de la nourriture, soit des canards, soit des goélands. Donc, les embouchures de grands rivières au Lac-Saint-Jean sont de bons endroits pour l'observation de ce grand rapace. Côté Saguenay, le Faucon pèlerin niche dans les parois du fjord du Saguenay. Son garde-manger se trouve sur les battures à La Baie et à Saint-Fulgence. Préférez la marée basse pour son observation car il a tendance à se poser sur les rochers.

Les Balbuzards pêcheurs seront présents un peu partout durant le mois, là où il y a un plan d'eau, car ils se nourrissent exclusivement de poissons. Avant d'atteindre la forêt boréale pour leur nidification, ils se refont des forces en pêchant aux abords de la rivière Saguenay, autour du lac Saint-Jean et au-dessus des marais comme au Petit Marais de Saint-Gédéon et au Grand Marais de Métabetchouan. Au Saguenay, les balbuzards sont très présents de chaque côté du pont Dubuc. Vers la mi-mai, les rapaces migreront et deviendront plus discrets par la suite dans notre paysage urbain.

Les grues : Ça vous tente de faire une promenade dans les rangs un bon matin? Pourquoi ne pas chercher des Grues du Canada dans les champs? Celles-ci ont tendance à se réunir sur la rive nord du Lac-Saint-Jean, soit à Saint-Augustin, Saint-Eugène, Normandin, Albanel, etc. Elles nichent maintenant dans la région et peuvent se compter parfois par centaines. Vraiment un beau spectacle! S'il vous plaît, soyez respectueux des terres des agriculteurs et demandez la permission aux propriétaires si vous voulez emprunter l'un de leurs chemins afin de vous approcher des grues. Cependant, sachez que les grues sont très farouches. Un télescope est hautement recommandé pour les observer de loin et les laisser s'alimenter en toute quiétude.

Les bécasseaux : Là où il y a de la boue, il y a des chances d'observer des limicoles. Vous retrouverez nombre d'espèces sur les battures à La Baie et à Saint-Fulgence au gré du mois de mai et des marées. Va également pour le Grand Marais de Métabetchouan où ceux-ci ont tendance à se réunir en grand nombre avant de migrer. Puisque ce marais est un réservoir, nous ne savons jamais d'avance si les oiseaux seront présents longtemps à cet endroit. Lorsque le marais est bas, allez-y souvent. Une fois que le marais se remplie d'eau, vers la mi-mai habituellement, parce qu'il est régi par la montée du lac Saint-Jean, c'est foutu. Visitez aussi les embouchures de grandes rivières tel la rivière Ticouapé qui sont d'excellents sites pour y découvrir les espèces de bécasseaux. Faites aussi une tournée dans les différentes stations d'épurations des eaux usées. Puis, lorsque la montée des eaux rend impossible l'accès aux berges autour du lac Saint-Jean, les limicoles peuvent s'alimenter dans les champs. Mais le hic, où ça? Scrutez minutieusement autour des fosses à purin aux abords des fermes pour retrouver le discret Chevalier solitaire qui aime bien fréquenter ces endroits riches en insectes. Le soir, une heure après le coucher du soleil, les Bécassines de Wilson et les Bécasses d'Amérique effectueront leurs parades nuptiales très sonores. Les abords des marais, des terres en friches et des terrains vagues sont de bons endroits pour écouter leurs parades.

Les mouettes : Les Mouettes de Bonaparte traversent rapidement la région en mai. Si vous êtes chanceux, vous les verrez en migration, soit à Saint-Fulgence au large de la flèche littorale, soit au large du lac Saint-Jean. Sinon, lorsque le temps sera plus maussade, elles se réuniront pour s'alimenter surtout au Grand Marais de Métabetchouan et au Petit Marais de Saint-Gédéon. Prenez le temps de vérifier chaque individu puisqu'une rare Mouette pygmée peut se glisser parmi elles.

Les sternes : En mai, il est possible d'observer la Sterne pierregarin (commune) et la Sterne arctique (rare) autour des mêmes sites indiqués pour les mouettes. Quant à la Sterne arctique, vous ne l'observerez qu'à partir de la mi-mai jusqu'au début juin. Il s'agit de la seule période où vous pourrez la voir puisque qu'à l'automne, elle utilise un autre corridor de migration. Si vous la ratez, vous devrez attendre le printemps suivant. La Sterne arctique arrive par le corridor du fjord et se dirige vers le lac Saint-Jean pour ensuite monter vers le Nord. Vous comprendrez alors que Saint-Fulgence est l'endroit par excellence pour son observation.  Cependant, lorsqu'il fait très beau, les sternes ont tendance à migrer à haute altitude. Choisissez plutôt un temps maussade pour tenter de les trouver au milieu de la rivière Saguenay lors des changements de marées, au large dans l'entrée du fjord ou posées au bout de la flèche littorale. Les oiseaux s'alimentent et se reposent en attendant de meilleures conditions météo afin de poursuivre leur migrations. Au Lac-Saint-Jean, dans des conditions météo exécrables, des centaines de sternes ont été observées dans le passé au Grand Marais de Métabetchouan, au Petit Marais de Saint-Gédéon ainsi qu'à l'embouchure de la rivière Ticouapé. Bonne chance!

Les engoulevents : Les Engoulevents d'Amériques arrivent à la fin mai seulement dans notre région. Les signalements d'engoulevents avant cette période proviennent souvent des observateurs peu expérimentés qui entendent des Bécasses d'Amérique en début de soirée.

Les colibris : Dès le 1er mai, nettoyez vos auges, remplissez-les de nectar et installez-les dehors afin d'être prêts pour l'arrivée des Colibris à gorge rubis. Normalement, les colibris arrivent entre le 15 et le 20 mai, les mâles apparaissant en premier. Par contre, certaines années, les premiers individus peuvent apparaître plus hâtivement. En mai, changez régulièrement votre nectar, une fois par semaine environ.

Les hirondelles : Votre maisonnette pour hirondelles va être bientôt très sollicitée par les Hirondelles bicolores si vous demeurez en zone urbaine ou en zone de villégiature autour d'un lac forestier. Que leur nichoir soit propre pour ces nouveaux propriétaires ailés! Jetez des plumes ou du duvet sur le sol. Elles vont apprécier ces matériaux très utiles pour garder les oisillons au chaud. Pour ce qui est des Hirondelles rustiques, elles nichent près des bâtiments de fermes ou sous les ponts. Quant aux Hirondelles à front blanc, elles vont nicher dans leurs maisons-gourdes faites d'argile sous le pont de la rivière Valin à Canton-Tremblay par exemple. Elles aiment beaucoup aussi effectuer leurs nids sous les pignons des maisons. Mais comme cette dernière espèce est plus rare, il est difficile de vous dire quelles maisons elles vont choisir! Cependant, La Baie, Saint-Fulgence, Desbiens, Sainte-Hedwidge et Saint-Thomas-Didyme entre autres sont de bons secteurs.

Les grives : Les cinq espèces de grives arrivent dans la région en mai. Habituellement, c'est la Grive solitaire qui arrive la première en mai, parfois même à la fin avril. Puis, les Grives à dos olive et les Grives fauves peuvent être vues ou entendues dans leurs habitats à partir de la mi-mai. Vient ensuite les deux grives les plus rares dans la dernière semaine de mai soit la Grive de Bicknell et la Grive à joues grises. Dans la région, la Grive de Bicknell niche au sommet des montagnes, soit sur les montagnes de la chaîne des Monts-Valin. Lorsqu'elle arrive dans la région, elle est déjà installée dans ses quartiers de nidification. Bien au nord de cette chaîne, c'est le royaume de la Grive à joues grises. Celle-ci n'est pas susceptible de nicher dans la région. Durant le jour, vous aurez peut-être la chance et la surprise d'observer la Grive à joues grises alors qu'elle effectue une halte dans sa migration. Elle se mélange aux Grives à dos olive qui remontent vers le Nord. Une autre façon de recenser les grives (G. fauve, G. à dos olive, G. à joues grises) est d'effectuer une écoute nocturne, loin des bruits de la ville. Il faut alors connaître leur cris de vol que vous pouvez vous familiariser avec sur le site de Dendroica sur Internet.

Les plectrophanes : Dans les champs labourés, surtout au Lac-Saint-Jean, vous serez en mesure de recenser des dizaines, voir des centaines de Plectrophanes des neiges ainsi que plusieurs Plectrophanes lapons, avant que ceux-ci ne partent pour nicher dans le Grand Nord. Le pic de migration pour cette dernière espèce se situe aux environs du 10 mai. Plusieurs heures de plaisir vous attendent à rouler dans les différents rangs de la région. Évidemment, des nombreuses Alouettes hausse-col et Pipits d'Amérique seront également sur votre chemin, ces espèces fréquentant les mêmes habitats que les plectrophanes.

Les viréos : Souvent, le premier viréo à être recensé est le Viréo à tête bleue au début ou à la mi-mai et peut-être le Viréo de Philadelphie. Ensuite, arrivent dans la dernière semaine du mois le Viréo aux yeux rouges. Lorsque cette dernière espèce sera dans la région, vous le saurez alors que les oiseaux chanteront inlassablement chaque jour pendant la saison de nidification.

Les parulines : Avant la mi-mai, vous serez plus susceptibles de rencontrer les nombreuses Parulines à croupion jaune, les quelques Parulines à joues grises et peut-être une ou deux Parulines à couronne rousse. Ensuite, à partir de la mi-mai jusqu'à la fin du mois et même jusqu'au début juin, les autres espèces de parulines rentrent en force. Les dernières espèces à atteindre la région tard en mai et au début juin sont la Paruline rayée, la Paruline à calotte noire, la Paruline triste, la Paruline du Canada et la très rare Paruline à gorge grise. En migration, les parulines de toutes espèces seront partout et pas nécessairement dans leurs habitats de nidification respectifs. Lors des coups de froid, cherchez les parulines autour des points d'eau tels les ruisseaux, les lacs et les marais alors qu'elles s'alimentent d'insectes à l'abri du vent.

Les bruants : En mai, vous serez sans doute envahi pendant une semaine ou deux par les Bruant à couronne blanche aux mangeoires. Ceux-ci transitent par la région en route vers le Nord dès que les systèmes météos sont favorables à leurs déplacements. Certains fin de printemps, nous en voyons beaucoup alors que d'autre printemps, ils nous échappent. Même chose pour les Bruants hudsoniens qui seront abondants en mai pour une courte période.

Les quiscales : Ici, nous traitons des Quiscales rouilleux. Cette espèce arrive dans la région en mai et se tient souvent en groupes, comme pour les Quiscales bronzés. Ces quiscales (rouilleux) sont toujours à la recherche d'un point d'eau pour s'y nourrir. Il peut s'agir d'un ruisseau, d'un lac, mais ils apprécient particulièrement se tenir autour des marais lors de ce mois. Cherchez-les autour du Petit Marais de Saint-Gédéon et autour du marais de Canards Illimités à Saint-Fulgence.